Le terme « Qi Gong » est seulement utilisé depuis les années 50 en Chine, pour qualifier l’ensemble des techniques énergétiques.
Parfois, nous pouvons le retrouver sous le terme plus occidental de « gymnastique de santé chinoise ».
Le Qi Gong regroupe des centaines d’enchaînements, issus de plus de 2500 ans d’histoire, qui se sont transmis de génération en génération de manière secrète au sein des familles chinoises.
Nous pouvons trouver 4 courants principaux qui retracent l’histoire du Qi Gong :
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le Taoïsme
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la Médecine traditionnelle chinoise
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le Bouddhisme
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les Arts Martiaux
1. Qi Gong et Taoïsme
Tout démarre au 7ème siècle avant notre ère, avec le livre des transformations « le Yi Jing » qui est le plus ancien ouvrage de sagesse chinoise, et qui décrit huit trigrammes représentant les étapes de bases de toutes les transformations du Yin et du Yang.
Les 8 trigrammes sont le ciel, la terre, le tonnerre, la montagne, le vent, l’eau le feu et le lac.
Il donne naissance à l’école de la « Petite circulation céleste » qui consiste en un travail sur le cycle du Yang et du Yin qui parcourt les méridiens du Vaisseau Gouverneur (Du Mai) et du Vaisseau Conception (Ren Mai).
L’école Taoïste naît au 6ème siècle avant notre ère avec Lao Tseu, qui est considéré comme le fondateur, Tchouang Tseu, et Lie Tseu qui ont délivré l’essence du taoïsme.
Le Taoïsme peut être considéré comme une philosophie, une « voie » qui permet à l’homme d’accomplir sa destinée en trouvant l’harmonie, la nature et le ciel, quelle que soit sa condition. Par la pratique d’exercices pour purifier le corps, régulariser l’esprit et la respiration, le Taoïsme apprend à l’homme à libérer l’esprit des soucis, ordonner l’énergie et suivre avec le corps la voie céleste.
Le Taoïsme se développe au 2ème siècle après J.-C., et c’est avec Ge Hong, médecin et maître taoïste, qu’apparaissent « les principes pour nourrir la vie et accroître la longévité », ainsi que la présence des 3 Dan Tien. Par un travail sur la respiration profonde et la conscience des 3 Dan Tien, on peut amener la pratique à un niveau plus élaboré.
« L’alchimie interne », véritable pratique taoïste, s’oriente vers la recherche de l ‘immortalité. On peut considérer « l’alchimie interne » comme un mécanisme énergétique interne qui cherche à inverser le processus de vieillissement par une sorte de transmutation en retrouvant et en faisant vivre ce noyau d’immortalité que chacun possède.
Dans toutes techniques taoïstes, on retrouve les 3 fondements de l’énergétique permettant la vie :
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le Jing (l’essence)
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le Qi (le souffle, l’énergie)
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le Shen (l’esprit)
Les étapes sont :
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Nourrir le Jing
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Le Jing se transforme en Qi
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Le Qi nourrit le Shen
2.QI GONG ET MEDECINE TRADITIONNELLE CHINOISE
C’est entre le 5ème et le 2ème siècle avant notre ère qu’apparait, de manière manuscrite, plusieurs chapitres consacrés aux exercices de santé qui seront la base, plus tard, du « Qi Gong Médical ».
Ces méthodes de base sont au nombre de trois :
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Le DAO YIN : ensemble de mouvements pour conduire l’énergie et soigner les maladies.
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Les AN QIAO : exercices d’automassages pour faire circuler l’énergie.
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Le TUNA : Méthode de respiration pour capter la quintessence de l’énergie pure de l’extérieure et chasser les énergies perverses ou impures du corps.
Ces 3 méthodes sont utilisées en association avec les autres techniques de la Médecine traditionnelle chinoise pour soigner les maladies, surtout sur un mode préventif.
C’est à cette période aussi que les 3 principes du Qi Gong sont définis :
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Régulariser et équilibrer le corps
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Régulariser et équilibrer la respiration
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Régulariser et équilibrer l’esprit
Pendant tout le 2ème millénaire, les techniques pour faire circuler l’énergie se répandent et s’associent au développement de la Médecine traditionnelle chinoise. Ainsi le Dao Yin, très utilisés par les médecins de l’époque, sert à faire circuler l’énergie et le sang, à renforcer et à assouplir les articulations.
Il régularise les 5 organes et les 6 entrailles en mettant en relation les mouvements avec la circulation de l’énergie dans les 12 Méridiens et en harmonisant les 4 membres et les 7 orifices.
Il est utilisé à titre préventif et thérapeutique.
3.QI GONG ET BOUDDHISME
Le Bouddhisme pénètre en Chine dès le 2ème siècle après J.-C., avec des courants venant de l’Inde et du Moyen-Orient. Il prône la voie du juste milieu et de la compassion pour les êtres, car en harmonisant l’accord entre le corps et l’esprit, l’être intérieur s’éveille et se libère des passions et de l’ignorance, causes des souffrances de la vie.
La méditation est associée à la pratique di Qi Gong.
La méditation Chan (nommée Zen au Japon) s’explique par une pratique, en cours de méditation, où l’on compte son nombre de respiration pour faciliter la concentration et l’état d’éveil intérieur.
La méditation de l’éveil se développe avec l’arrivée de Bodhi Dharma (moine bouddhiste d’une haute lignée indienne), au 6ème siècle. Il séjourna au monastère de Shaolin où il transmettra la technique de la méditation de l’éveil (méditation Chan) tout en mettant au point plusieurs méthodes de gymnastiques énergétiques qu’il enseignera aux moines ( Yi Jin Jing, Ba Duan Jin…)
4.QI GONG ET ARTS MARTIAUX
C’est au 7ème siècle qu’apparait le Qi Gong « martial » grâce à l’enseignement de Bodhi Dharma que l’on nommait le moine « Damo », aux moines du temple Shaolin.
De cet enseignement naissent d’une part le style « externe » porté par le temple Shaolin et d’autre part le style « interne » porté par le temple de Wudang.
Ces deux grandes origines de l’art martial se développent et se ramifient au cours des siècles et ont donné tous les styles que l’on connait aujourd’hui et qui sont regroupés, en Chine, sous le nom de Wushu.
A partir du 15ème siècle, le Yin Jin JIng et le Ba Duan Jin servent de bases de travail pour la pratique des Arts Martiaux avec chacun sa spécificité :
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le Yin Jin Jing pour renforcer l’énergie interne afin de développer la puissance extérieure
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le Ba Duan Jin pour assouplir et renforcer plus spécialement les articulations et les tendons.
En associant ses méthodes à la pratique de l’art martial, il est possible de développer la force intérieure et la résistance et aussi éviter des blessures et traumatismes pouvant survenir lors de la pratique ; l’énergie nourrissant et protégeant les muscles et les articulations.
Le Qi Gong dit « dur » montre une très grande maîtrise de l’énergie ; après une pratique sérieuse et profonde, il est possible pour les pratiquants de concentrer leur énergie dans une partie de leur corps (main, tête, ventre…) pour produire des phénomènes tels que casser des briques avec la tête…
Le « Nei Gong » ou travail interne, est un travail énergétique dans la pratique de l’art martial.
Il est composé de 3 aspects principaux :
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Zhan Zhuang : travail statique en position debout visant à tonifier l’énergie.
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Respiration profonde : elle est souvent de type abdominale inversée, et elle favorise la concentration et la maîtrise de soi.
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RouShu (travail en souplesse) : il s’agit d’équilibrer et d’accorder parfaitement la souplesse du mouvement avec la manifestation puissante de l’énergie. Ce travail est le plus profond et le plus difficile dans l’apprentissage de l’art martial. Sa maîtrise permet de passer du repos à l’action brusque. « Il permet au maître d’être serein et imprévisible en toutes circonstances ».
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